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Soudan : la CPI ouvre une enquête sur de possibles nouveaux crimes de guerre au Darfour

L’escalade de violences au Soudan suscite une « grande préoccupation ». La Cour pénale internationale (CPI) a donc décidé d’ouvrir une nouvelle enquête pour crimes de guerre dans la région soudanaise du Darfour, a annoncé jeudi 13 juillet son procureur Karim Khan, dans un rapport au Conseil de sécurité de l’ONU.

Le pays est depuis trois mois replongé dans le chaos en raison d’un conflit entre deux généraux qui se disputent le pouvoir.

La juridiction, qui siège à La Haye, avait déjà été saisie en 2005 par le Conseil de sécurité sur la situation dans la région soudanaise du Darfour et avait émis un mandat d’arrêt contre l’ancien dirigeant Omar el-Béchir, comprenant des allégations de génocide.

« La vérité est que nous risquons, à ce Conseil et dans le monde – et alors que nous avons de plus en plus d’informations –, de permettre à l’Histoire de se répéter ; la même histoire épouvantable qui a poussé ce Conseil à saisir la CPI en 2005 de la situation au Darfour », a lancé Karim Khan devant le Conseil.

« La phrase trop souvent répétée de ‘plus jamais ça’ doit signifier quelque chose, ici et maintenant, pour les populations du Darfour qui vivent dans l’incertitude et la souffrance, avec les cicatrices du conflit, depuis près de deux décennies », a-t-il insisté.

Envoyer un message aux agresseurs

Son bureau, dont le mandat se limite au Darfour, a ainsi « ouvert une enquête sur les incidents survenus dans le contexte des hostilités actuelles », selon son rapport, qui évoque un « large éventail » d’informations concernant des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité présumés depuis le début des combats en avril.

« Je veux envoyer un message clair à chaque belligérant, chaque commandant, chaque soldat qui possède une arme et croit qu’il peut faire ce qu’il veut, que s’en prendre intentionnellement aux civils, s’en prendre à leurs maisons, leurs commerces (…) sont des crimes interdits par le statut de Rome », qui a donné naissance à la CPI, a insisté le procureur.

Évoquant pillages, incendies de maisons, et exécutions extra-judiciaires, il a précisé avoir donné des « instructions » à ses services « pour donner priorité aux crimes contre les enfants, aux crimes sexuels et aux violences basées sur le genre ».

Un risque de nouveaux crimes de guerre

Depuis le 15 avril, le chef de l’armée soudanaise, Abdel Fattah al-Burhane, un proche allié de l’Égypte, est en guerre contre son ex-numéro deux, le général Mohamed Hamdane Daglo, qui dirige les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Le conflit pour le pouvoir entre l’armée et les paramilitaires a déjà fait près de 3 000 morts et trois millions de déplacés et réfugiés, selon l’ONU.

L’émissaire de l’ONU au Soudan, Volker Perthes, désormais persona non grata à Khartoum, a appelé à ce que les deux généraux « rendent des comptes ».

Les corps d’au moins 87 personnes qui auraient été tuées le mois dernier au Soudan par les forces paramilitaires et leurs alliés ont été enterrés dans une fosse commune au Darfour, a par ailleurs indiqué l’ONU jeudi.

Selon le rapport de Karim Khan, le risque de nouveaux crimes de guerre est « aggravé par le mépris clair et de longue date manifesté par les acteurs concernés, y compris le gouvernement du Soudan, envers leurs obligations ».

Une absence de justice

Le Darfour, vaste région de l’ouest du Soudan, a été ravagé par une guerre civile qui a débuté en 2003 entre le régime à majorité arabe d’Omar el-Béchir et les insurgés issus de minorités ethniques dénonçant des discriminations. Omar el-Béchir avait envoyé contre la rébellion la milice armée des Janjawids, qui ont par la suite donné naissance aux FSR.

Omar el-Béchir, âgé de 79 ans, ainsi que les dirigeants Ahmed Haroun et Abdel Raheem Hussein sont réclamés depuis plus de dix ans par la CPI pour « génocide » et crimes contre l’humanité lors du conflit au Darfour.

L’absence de justice pour les crimes au Darfour au début des années 2000, a « semé les graines de ce dernier cycle de violences et de souffrances », selon Karim Khan. Même avant les récents combats, il y avait une « détérioration encore plus importante de la coopération des autorités soudanaises », selon son rapport.

Une accusation rejetée jeudi par l’ambassadeur soudanais à l’ONU Al-Harith Idriss Al-Harith Mohamed, qui a assuré que son gouvernement « a toujours coopéré avec la CPI ».

La seule personne à avoir comparu devant les juges de la CPI jusqu’ici est Ali Muhammad Ali Abd-Al-Rahman, l’ancien chef de la milice des Janjawids, également connu sous son nom de guerre d’Ali Kosheib.

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